
Le transfert de la faculté mixte
de médecine et de pharmacie près de l’hôpital
de Mustapha
UNE RÉALISATION LONGTEMPS ATTENDUE
Les plans de la nouvelle école de médecine
ont été inspirés des constructions les plus
modernes de France et de l’Étranger
Un « déménagement »
de faculté n’est pas une mince affaire. Et pourtant, cela
avait été envisagé pour Alger dès 1910.
Bien qu’à cette époque l’effectif estudiantin
fut loin d’atteindre le chiffre pléthorique actuel, certains
voyaient déjà grand.
Il appartenait à un universitaire - bien connu par ailleurs dans
l’arène politique - de donner un corpsà cette idée
: le professeur Fourment. Il y a trois ans, en effet, ce dernier élabora
un projet dans lequel la question du transfert de la Faculté
mixte de médecine et de pharmacie était étudiée
sous tous ses aspects.
Adopté à
l’unanimité
L'idée fit son chemin. Elle aboutit à un vote favorable
du Palais Carnot : l’Assemblée algérienne adopta
hier, comme nous l’avons relaté, le rapport de la deuxième
commission (Éducation nationale, Santé publique et Famille),
rapport qu’appuyèrent la plupart des personnalités
médicales de l’Assemblée.
En bref, le projet de la nouvelle école de médecine a
été l’objet d‘une inscription budgétaire
au prochain exercice. D’importants crédits seront prélevés
dans le secteur Éducation nationale, en vue de cette réalisation,
rendue indispensable par l’insuffisance des locaux mis à
la disposition de nos futurs médecins et pharmaciens, au nombre
de deux mille environ.
Le parc à fourrages
de la 10e région
Ce terrain, situé près de l’hôpital de Mustapha,
a été choisi comme emplacement de l’école.
Il couvre une superficie de quatre hectares. Un protocole d’échange,
dont il serait fastidieux de faire la genèse, a été
approuvé : aux termes de cet accord, l'autorité militaire
troque son parc à fourrages contre un terrain des hauts d’Alger.
Cette solution s’est avérée, après les travaux
de la deuxième commission, comme la plus rationnelle et la plus
économique. La plus rapide aussi, car elle permet d’éviter
les lenteurs administratives.
14 chaires à recaser
Ces quatre hectares ne seront pas uniquement affectés à
l’école de médecine. L’hôpital de Mustapha
en bénéficiera, car de nouveaux pavillons seront construits.
Ici se place une digression nécessaire : l’agrandissement
d’un hôpital ne doit pas dépasser certaineslimites
(1.800 lits parait-il), sous peine d’entraîner une gestion
difficile ; ce qui explique que le partage du terrain entre la Santé
Publique et l’Université donne à cette dernière
trois hectares environ.
La Faculté mixte de médecine et de pharmacie comprend
quatorze chaires et divers locaux (cabinet du doyen, salle d’examens,
secrétariat, amphithéatres, etc...). Elle ne dispose à
l'heure actuelle que d'un hectare à peine.
Nous verrons demain les caractéristiques principales de l’établissement.
La formule « pavillonnaire » a été
adoptée. Les plans ont été inspirés des
constructions les plus modernes de France et de l'étranger.
GRACE AUX RÉALISATIONS QUE PERMETTRONT
LES PROJETS ADOPTÉS
Le transfert de la Faculté fera de Mustapha un hôpital
d’enseignement
Alger deviendra le cœur de la pathologie exotique
Nous avons parlé
hier d’une réalisation s’inspirant des architectures
les plus récentes de France et dd l’étranger. La
Faculté dc Strasbourg, pour se borner à un exemple national,
comporte un
grand nombre de pavillons. Cette formule est sans doute celle qui répond
le mieux aux exigences de l’enseignement médical.
Des pavillons dons la verdure
En effet, non seulement elle offre des possibilités d’agrandissements
fIuturs, mais encore elle permet de grouper plusieurs disciplines voisines
dans le même bâtiment. Deux ou trois par pavillon. Laboratoires
et salles de travaux pratiques y seront également incorporés.
En ce qui concerne les amphithéâtres, ils sont prévus
pour recevoir deux cents étudiants chacun. Au nombre de trois,
ils comporteraient chacun trois services.
L’érection des autres locaux,. cabinet du doyen, salle des
actes, bibliothèque, etc..., ne présente aucune difficulté.
Il va sans dire qu'un décor de plantation conférera le
cachet voulu à l’ensemble. La proximité de l’hôpital,
un équipement ultra moderne donneront, à l’École
de médecine algéroise un rayonnement indiscutable.
Mustapha : Hôpital
d’enseignement
Une des conséquences les plus importantes du déploiement
de la Faculté est la transformation de Mustapha. en hôpital
d'enseignement.
Les cours seront donnés par des professeurs et des agrégés
relevant de l’Éducation nationale.
Médecins et chirurgiens des hopitaux, qui dépendent de
la Santé publique, assureront lea services hospitaliers dans
d’autres établissements tels que : Parnet, Barbier-Hugo,
Birtraria, etc...
Par ailleurs, ies surfaces dévolues à la Santé
publique permettront l’élargissement, dans les limites indiquées
hier, de l’hôpital. Le centre anticancéreux, notamment,
en bénéficiera.
Une pathologie spéciale
Cette liaison étroite des différents services hospitaliers
et de la Faculté sera l’un des éléments les
plus appréciables de l’Algérie, dans le domaine culturel
:
L’Afrique du Nord a, on le sait, des maladies qui lui sont propres.
Des cas pathologiques, très rares ailleurs, des installations
parfaitement équipées, et il n’en faudra pas davantage
pour que les regards de la science internationale se braquent sur notre
ville ! Intérêt qui ne pourra. qu’accroître
le prestige acquis par Alger au cours des récents congrès.
L’exode des étudiants nord-africains, et nous reprenons
ici l’argumentation des promoteurs du proiet. n'aura plus sa raison
d’être.
Pourquoi quitter Alger pour une Faculté métropolitaine
s’ils sont sûrs de recevoir sur place un enseignement A la
mesure des connaissances modernes.
Enseigner et guérir
Le transfert demandera, évidemment quelques années. Les
modalités de cette vaste opération font
l’objet d’études approfondies ; quoi qu'il en
soit son premier stade - la question des crédits - sera bientôt
mu franchi puisqu’une inscription budgétaire est prévue
au prochain exercice.
L’Algérie, pièce maîtresse de l’Union
française, et caractérisée par sa forte démographie,
se devait de posséder un tel établissement. Car il répondra
à la devise que s’est fixée la France, outre-mer :
enseigner et guérir.